Encore un instant de répit ...

par **Serra Ombrenuit** Ven 4 Juil 2008 - 16:17

Les deux pieds solidement enfouis dans la neige, Serra attendait le retour de Gareth en observant l'horizon. La silhouette ramassée de Pesda se dessinait sur le fond anthracite du ciel brumeux, et la cité elle-même paraissait manquer de chaleur, comme toute chose dans ce paysage laiteux. La jeune femme resserra les pans de son manteau. Autour d'elle tout était silencieux, à moins de compter parmi les bruits le murmure du vent dans les branches décharnées des rares arbres se dressant dans la toundra …

Puis un bruit de pas étouffé par la neige se fit entendre. Les longs cheveux sombres de Serra voltigèrent lorsqu'elle tourna la tête vers l'origine du son. Un homme entre deux âges, assez grand et musclé, s'approchait d'elle en suivant un vague sentier creusé entre les végétaux maladifs par dieu sait quels animaux survivant dans ce milieu hostile. Son souffle se condensait dans l'air glacé, mais il ne paraissait pas souffrir du froid. Il affichait un sourire radieux. Arrivé devant la jeune femme, il s'inclina, puis prit la parole.

"Les préparatifs sont terminés, ma Dame. Les éclaireurs sirènes et serpents de mer ont bien repéré le terrain, et les nouvelles sont plutôt bonnes. Les fortifications Piques laissent apparemment à désirer ; les détruire devrait être plus facile que prévu.
- Bien sûr, répliqua Serra avec un sourire carnassier, ils ne pensaient pas être attaqués en plein cœur de leur territoire …
- Nous le leur ferons regretter", conclut Gareth.

Serra acquiesça.

Elle jeta un dernier regard sur la capitale Pique qui se détachait sur l'horizon. Cela n'avait pas été facile d'arriver jusqu'ici. Traverser le bras de mer séparant les continents Métissé et Pique avait été un simple amuse-gueule, mais la navigation dans ces eaux glacées, entraînant avec elles de traîtres masses de glace flottant entre deux eaux et menaçant à tout instant de fracasser les coques, s'était révélée bien plus rude. Le vent transperçait les vêtements et gelait les corps, et toute l'agitation nécessaire au maintien à flot des navires ne suffisait pas à réchauffer les marins. Mais à présent, même s'il faisait toujours aussi froid, le but était proche. Les soldats étaient rassemblés. Chacun connaissait le plan de bataille. Au signal d'attaque, tous chargeraient la ville …

Et alors Pesda tomberait.

Un sourire se posa sur les lèvres bleuies de Serra. Résolument, elle tourna les talons et, faisant signe à Gareth de la suivre, elle prit la direction du campement.