All The Things She Said
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Deck Of Cards :: Hors Jeu :: Fictions
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All The Things She Said
No functionna! :( :(
(Honte à moi, j'avais même pas vu que tu l'avais mis TT__TT)
Donc, tel que précédemment annoncé, voici le seul de mes textes que j'apprécie vraiment avoir écrit (outre l'Île et Alpha-Oméga mais ces derniers de sont pas terminés donc...).
Je vous propose d'écouter cette chanson de t.A.T.u. (All The Things She Said) qui m'a dument inspirée durant l'écriture de ce texte. D'ailleurs, j'ai donné le nom de la chanson à cette histoire. C'était la présentation d'un personnage que je n'ai finalement jamais eu à jouer, pour plusieurs raisons. J'aimerais beaucoup que vous me laissiez des commentaires, merci :) Et bonne lecture!
All The Things She Said
(Honte à moi, j'avais même pas vu que tu l'avais mis TT__TT)
Donc, tel que précédemment annoncé, voici le seul de mes textes que j'apprécie vraiment avoir écrit (outre l'Île et Alpha-Oméga mais ces derniers de sont pas terminés donc...).
Je vous propose d'écouter cette chanson de t.A.T.u. (All The Things She Said) qui m'a dument inspirée durant l'écriture de ce texte. D'ailleurs, j'ai donné le nom de la chanson à cette histoire. C'était la présentation d'un personnage que je n'ai finalement jamais eu à jouer, pour plusieurs raisons. J'aimerais beaucoup que vous me laissiez des commentaires, merci :) Et bonne lecture!
All The Things She Said
- Spoiler:
La cloche annonçant la fin des cours sonna au moment où Maeko posait son crayon. Était-ce trop sarcastique? Le professeur ramassa sa copie avec un grand sourire. Il sourirait moins lorsqu’il lirait... Mais Maeko s’en foutait. Comme de tout le reste d’ailleurs. Rien n’avait assez d’importance. C’était son anniversaire. L’anniversaire de sa mort. Voilà pourquoi l’élève était d’aussi mauvaise humeur. Tout lui semblait complètement futile, complètement inutile. Il était mort. Juste le fait d’y penser était douloureux. C’était tellement idiot, mais Maeko n’avait pas fait son deuil. C’était son frère après tout...
Quelques années auparavant
« FICHE MOI LA PAIX CONNARD! »
Le principal intéressé tira la langue et répliqua de plus belle :
« Mae’ est dans sa période rouge! Mae’ est... »
Elle lui assena un violente claque pour qu’il se taise. Maeko, puisque c’était elle, avait les joues rouges, la respiration sifflante, très énervée. Qu’est-ce que Thao pouvait bien y connaître, lui? RIEN! Absolument rien! Comment osait-il se moquer d’elle! Comment osait-il seulement! Il releva la tête, une marque rouge sur la joue. Il riait. Il riait toujours. Maeko soupira.
« T’es idiot... »
Elle l’enviait tellement, Thao. Il était toujours sûr de lui, maître de la situation, aussi courageux qu’un lion et plus doux qu’un agneau. Son seul défaut était qu’il était très taquin. Trop taquin. Surtout avec sa petite sœur. Il l’aimait beaucoup, peu être un peu plus qu’il n’aurait du. La jeune fille le suivait partout, à tort et à travers. Ils étaient les meilleurs amis du monde, aussi proche qu’ils pouvaient l’être. Il avait 14 ans, elle en avait presque 12. Leur mère était enceinte. Ça leur faisait bizarre de savoir qu’il y en aurait un nouveau. Est-ce qu’ils s’entendraient aussi bien avec lui qu’entre eux? Impossible!
« Oublie-ça, viens on va dehors. »
Elle le suivit, encore un peu en colère. Ça ne durerait pas longtemps, ça ne durait jamais longtemps. C’était impossible de rester fâché contre Thao. Qu’importe ce qu’il faisait. Il prit sa main et la força à s’asseoir à coté de lui, sur le trottoir. Elle nicha sa tête au creux de son épaule. Il était détestable quand il s’en prenait à elle sur ce genre de sujet. Mais elle ne lui en voulait vraiment jamais. Peut-être parce qu’il était la seule personne qui la comprenait, ou du moins essayait. Les autres s’en fichaient, de cette petite gamine qu’elle était.
« Ça va? »
Elle hocha la tête, plus par politesse que par réelle conviction. Elle lui en avait beaucoup dit, sur ce qu’elle pensait, ressentait, vivait, mais Thao ne pouvait pas tout comprendre. Il lui tourna la tête pour la fixer dans les yeux. Il était sérieux, ses yeux reflétaient une lumière étrange.
« Je t’ai vu ce matin dans ta chambre. Qu’est-ce que tu faisais? »
Maeko sentit ses joues rougirent. Elle avait prit des oranges dans le panier à fruits et les avaient monter dans sa chambre. Elle les avait glissées sous son t-shirt pour... Enfin, être comme toutes les filles de sa classe.
« R-Rien... »
« Tu as honte de toi? Mae’ réponds moi. Tu crois que si te conduit comme eux, si tu te teint les cheveux blonds et que tu remplis un énorme soutien-gorge... Qu’est-ce que tu crois? »
Il avait l’air fâché... Non, déçu. Elle l’avait déçu. Il avait raison, qu’est-ce qu’elle pensait? Elle ne serait jamais comme elles. Thao soupira, il n’attendait pas vraiment de réponse à sa question. Qu’est-ce que Maeko aurait pu lui répondre? Qu’elle essayait juste d’être belle? Mais elle était belle... à sa façon. Elle était un enfant tellement complexe, posait trop de questions et se jugeait durement.
« C’est juste que... J’aimerais tellement être comme elles... Je voulais juste voir... »
Thao hocha la tête, compréhensif. Il avait tout, beauté, intelligence, popularité, et il en avait vu passer, de ces personnes, qui veulent à tout prix devenir... Devenir comme lui. C’était aussi simple que cela, tout le monde l’enviait, enviait ses amis, sa copine... Il savait sa sœur dans son ombre, en souffrait et essayait tant bien que mal de la valoriser quand il le pouvait.
Mais Maeko avait beaucoup de difficultés à suivre les pas de son grand frère. Elle avait quelques amis, mais ils ne se comptaient pas par dizaine. Elle avait de bonnes notes, mais pas assez pour attirer l’attention. Et son physique... Original était un mot qui convenait bien. Elle n’avait pas l’air d’une fille. Ses cheveux restaient courts malgré les protestations de sa mère, elle ne s’habillait pas avec des petits vêtement serrés, comme toutes les autres, mais plutôt avec des gilets informes et de grands pantalons cargo. Et comme elle-même l’avait remarqué : elle n’avait pas de poitrine, ou, enfin, trop peu pour qu’on la voit sous ses larges vêtements.
« Mae’... Tu vaux mieux qu’elles, crois moi. Ce qui est important, c’est ce que tu as dans la crâne, pas ce qu’il y a sous ta chemise...»
Si Thao n’y accordait pas d’importance, alors ce n’était pas important. Si son frère considérait l’intelligence comme la plus grande valeur, alors l’intelligence aurait la plus grande valeur pour Maeko. Il était si bon en tout, il avait certainement raison. Sur tout. Pour tout. Ces phrases resteraient toujours vraies pour la jeune fille.
Interrompant leur conversation, un chiot aboya de l’autre côté de la rue. Maeko sourit, attendrie. Elle se leva et partit en courant vers le petit chien. Elle riait, il aboyait, tout deux fous. Elle tendis les bras prête à l’attraper...
Pour Thao, le temps s’était figé. Il avait vu sa sœur se jeter vers le chien. Il voyait aussi le camion qui descendait la rue à toute vitesse. C’était sans espoir, mais il couru lui aussi, en travers de la route, pour la sauver. Il y arriva, à la pousser en sûreté. Mais il ne put se sauver, lui. Il ne put empêcher les deux tonnes de lui rouler dessus, éparpillant ce qui avait été son corps, désagrégeant sa chair... Il ne put éviter le cri de sa sœur. Il était mort.
Re: All The Things She Said
La suite...
- Spoiler:
- Quatre ans plus tard
« Eh jeune homme !»
Il se retourna, un discret sourire sur les lèvres. L’école venait de recommencer. Et personne ne savait. Personne n’avait deviné. Il était parfait. Parce qu’il était en fait elle. Et elle était Maeko.
« Oui? »
Ton ennuyé, plus ou moins désagréable. Le surveillant l’ayant apostrophé fronça les sourcils. Elle sourit de plus belle, de ce sourire glacial, antipathique.
« Veuillez m’enlever ce chapeau de votre tête. Vous êtes à l’intérieur, dans une école, vous connaissez les règlements. »
*Non, je ne les connais pas... C’est une casquette, pas un vulgaire chapeau.*
« Oui monsieur, bien monsieur. Bonne journée monsieur. »
Elle fit mine d’enlever sa coiffe et la replaça dès qu’il fut hors de vue. Elle s’en fichait des règlements. Qu’est-ce qu’elle aurait bien pu en avoir à foutre? Enlevez votre chapeau jeune homme. Qu’il aille se faire foutre. Qu’ils aillent tous se faire foutre...
Ça faisait quatre ans, quatre année qu’elle était devenue il. Ça avait été tellement facile... Sa mère en avait bavé, lui avait dit qu’elle ne pouvait pas remplacer Thao. C’avait été inutile. Et sa mère avait le nouveau petit bébé à chouchouter de toute façon. Ce bébé, parlons-en. Une petite fille, déjà parfaite de naissance, adorant les robes, les poupées, le rose et toute ces choses que Maeko avait en horreur. Elle était belle et, à quatre ans, superficielle. C’était la parfaite petite fille à maman. Maeko la haïssait.
Oui, quatre ans à cacher sa véritable identité. Même pas besoin de mentir la plupart du temps, les gens le faisaient d’eux-mêmes. Même son prénom avait l’air masculin. Tellement androgyne qu’on la trouvait beau. On lui avait répété durant 12 ans qu’elle était laide, maintenant, il était beau. C’était si facile d’être un garçon. Il n’y avait que de petites règles à respecter. Le Maeko avait une drôle de réputation. Il était un tombeur, sur Mars comme sur Vénus. Il s’en fichait. Personne ne lui connaissait de copine, ou de copain. Mais malgré son grand côté « je-m’en-foutisme », il était toujours prêt à aider. Toujours. Pour mon frère.
« Eh Mékoko! »
Il leva un sourcil : il n’y avait que Maxim pour lui donner un surnom aussi débile. C’était Ma-é-ko, pas Mé-ko... Maeko lui donna un coup de poing sur l’épaule en guise de bonjour. Il l’avait déjà embrassé, juste pour voir. Maxim avait trouvé ça marrant, tellement il était mal à l’aise. Le travesti s’en était foutu. Des expériences, il en faisait plein. Il vivait pour découvrir. Pour devenir intelligent. Comme son frère lui avait déjà dit, il y a longtemps.
D’autres jeunes les rejoignirent. Les garçons et les filles racontèrent leurs étés respectifs à tour de rôle. Maeko ne parlait pas, comme à son habitude. Il parlait trop rarement pour qu’on remarque que sa voix était un brin trop aigu, que sa pomme d’Adam semblait inexistante... Une fille se colla contre Maeko, les mains autours de sa taille. Il la laissa faire, non sans en paraître légèrement agacé. Mais il ne l’était pas vraiment, non?
« Mé’, chou, je me suis t-e-l-l-e-m-e-n-t ennuyé de toi... »
C’était l’une de ces filles sur qui on faisait mieux de mesurer son QI à la grosseur de son soutien-gorge plutôt qu’à son intelligence. Ses longs cheveux décolorés, lissés, coiffés (ça avait du lui prendre des heures...) étaient identiques à ceux de sa « bestfriend for ever » ainsi que de leur petit chien de poche qui les suivait partout : une fillette de 13 ans qui aspirait à leur ressembler... Elle écrasait copieusement sa généreuse poitrine contre le dos de Maeko en lui soufflant des paroles dans le cou. Et tout les autres lui jetaient des coups d’œil envieux.
Mé’ chou (ça lui faisait penser à méchoui) ne se rappelait même plus du nom de cette guêpe en talons aiguilles. Ça devait nécessairement être quelque chose comme Natacha, Barbara ou Chihuahua... Elle tourna autour de lui, gardant ses mains enserrées sur ses hanches, pour se retrouver en face. Maeko la dépassait presque d’une tête (il avait toujours été très grand).
« C’est Cassandra », souffla Maxim.
Maeko esquissa un sourire. Il savait bien que ça allait finir avec un A. Mais Cassandra, c’était un peu plus original que tous les autres. C’était un peu plus recherché. Juste un peu. Le travesti prit le menton de la jeune femme entre deux doigts et le releva pour qu’elle le regarde en face.
« Et qu’est-ce que Cassandra a fait durant son été? »
Ses joues s’empourprèrent. Maeko lui avait parlé! Il lui avait parlé... Lui s’amusait bien de la situation. Il voulait expérimenter quelque chose de nouveau. On l’avait déjà expérimenter des dizaines de fois sur lui, quand il était petite. Il posa son doigt sur ses lèvres avant qu’elle ne puisse prononcer un mot. Il pencha sa tête vers elle, jusqu’à ce que sa bouche soit près de son oreille. Il murmura de façon à ce qu’elle seulement entende ce qu’il disait.
« Dégage. Va voir ailleurs, je suis pas ton genre. Et ne reviens pas me voir l’année prochaine... »
Elle recula d’un pas. Qu’est-ce que... Était-ce vraiment Maeko qui avait parlé de cette voix bizarre? C’était tellement haineux et agressif que la pauvre Cassandra en eut les larmes aux yeux. Et elle fit ce qu’il lui avait demandé. Elle s’en fut.
Lui, l’avait reconnu. Elle revenait s’essayer à chaque année, peu importe ce qu’il pouvait lui dire. C’était si énervant pour Maeko : il avait essayé la manière douce, elle n’avait pas compris, il utilisait donc la manière forte, désobligeamment.
La cloche sonna. Il regarda ce qu’il avait à l’horaire : morale. Il entra en cours. Un questionnaire était posé sur chacun de leurs bureaux...
***
Maxim sortit à la suite de Maeko, le bousculant amicalement. Il lui parlait rapidement, sans attendre de réponse à ses questions, surveillant le travesti du coin de l’œil pour voir s’il écoutait. Il se contentait de hocher la tête de temps à temps.
« Qu’est-ce que tu as pensé du test? Moi je l’ai trouvé vraiment naze. J’ai bien aimer lorsqu’il demandait si on avait des idées obsessives. Tu crois que les filles ça compte? »
Il s’esclaffa bruyamment. Maxim était du genre très obsédé. Du genre à passé chaque nuit avec une fille différente. Du genre a avoir une copine pendant, maximum, une semaine. Et les filles, étrangement, sur jetaient sur lui comme des ours sur du miel. Les fille se jetaient toutes sur leur petit groupe.
Il y avait, bien sur, Maeko, considéré comme le chef malgré son nombre très restreint de paroles. Maxim, âgé de 17 ans, avait doublé une année et était dans la même classe que son maître. Deux autres garçon, Jean-Philippe et François, des jumeaux, fermaient le cercle supérieur du groupe, les piliers centraux. Autour, on retrouvait plusieurs autres jeunes qui allaient et venaient, filles et garçons.
Les jumeaux arrivèrent, justement, à leur point de rencontre habituel. Ils avaient un an de plus jeunes qu’eux. J-P accouru vers Maeko, un grand sourire lui barrant le visage : on aurait dit un petit enfant à Noël. Il parvint à articuler, tout en essayant de reprendre son souffle.
« Qu’est-ce que... Tu as dit... À Cassandra?.. Elle pleurait... Dans la classe... »
Il la détestait parce qu’elle avait refusé de sortir avec lui. Elle le trouvait trop immature. Maeko haussa les épaules en guise de réponse. Comme s’il allait commencer à expliquer à J-P qu’il avait expérimenter une nouvelle technique sur la blonde. De toute façon, elle l’avait cherché, forcément. Maxim lui accorda un regard réprobateur : il était strict sur la façon dont on devait traiter le chef. Pas question de l’importuner sur ce qu’il faisait ou décidait : il avait largement fait ses preuves.
La place, le hall d’entré de l’école, était effervescente. Des élèves couraient à gauche et à droite, dans un coin, un couple s’embrassait passionnément, dans un autre, deux garçon s’échangeaient des choses pas très nettes. Et ils y avaient eux, attirant plusieurs regards. Maeko avait réussi à remplacer son frère. Il était beau et intelligent et populaire. Et aussi extrêmement posé, froid, mystérieux. C’était, à la fois, très attirant et décourageant.
« Qui c’est? »
Maeko suivit du regard la direction que pointait François. Une fille traversait le hall. Une nouvelle, nécessairement puisqu’ils ne la connaissait pas. Et ils connaissaient tout le monde. La fille faisait tourner les têtes. Pas à cause d’une beauté exceptionnelle, mais plutôt à cause de son habillement. C’était...excentrique Et François n’aimait pas beaucoup l’originalité dans ce sens. Son frère, tout sourire, déclara :
« Mais va donc l’accueillir comme il se doit. »
Et avant qui quelqu’un d’autre puisse parler, François était devant elle. Les trois autres leur prêtaient une lourde attention. La fille avait les cheveux assez longs, bizarrement coiffé et relevé sur sa tête, de couleur brun-roux. Elle semblait avoir enfilé une jupe en simili-léopard sous une robe multicolore garnie d’énormes fleurs. Par-dessus, elle avait une veste de jeans et une ceinture avec des piquants de métal autours des hanches. Elle devait avoir au moins dix bracelets sur chaque bras, de la fine chaîne d’or au large bracelet de bois, et autant de colliers dans son cou. Ses pendants d’oreilles étaient différents, un vert fluo en plastique et l’autre en argent garnis de pierres noires. Pour compléter le tout, elle avait des collants noirs enfoncés dans des bottes de cuir qui ne semblaient pas trop fraîches.
« T’es qui? »
François était agressif. La fille troublait le hall. Tout le monde les regardait. Ils savaient qu’il y aurait de l’action. Quand François s’y mettait, il y avait toujours de l’action. Mais la fille ne semblait pas le savoir. Elle lui tendit la main avec un grand sourire en se présentant.
« Hello, je me appelle Scanu Takahashi. »
Le silence se fit complet dans le hall. Plus personne ne pouvait plus ignorer l’étrangère. Plusieurs jetèrent des regards interrogateurs à Maeko. Mais pas François. Il sourit malicieusement et poussa un peu la fille par en arrière.
« Ah oui? Tiens donc, quelle coïncidence. »
Il la poussa un peu plus fort et Scanu fronça les sourcils. On commença à former un cercle autours d’eux. L’étrangère ne parlait pas très bien le français et cela n’avait pas aidé François à l’apprécier. Au contraire...
« Je voir Maeko-chan. Ça est ma... »
Maeko la coupa en se frayant un chemin parmi la foule. D’un ton sec, il trancha.
« C’est ma cousine. Je m’en occupe. »
Très conscient que sa situation était maintenant menacé, il entraîna la nouvelle dans un couloir et s’enferma avec elle dans une salle de classe vide. Le travesti espérait profondément qu’on associe son ma à une faute de français. Quand au chan, probablement personne ne comprendrait. Il n’y avait bien que sa famille d’assez malade pour apprendre le japonais à tout leurs enfants. Quand bien même leur racines ancestrales japonaises, Maeko n’avait jamais compris l’utilité de cette langue. Il parlait déjà anglais et français.
“- Gomen, I didn’t recognized you.
Don’t bother…”
Mais son expression contredisait ce qu’elle disait. Scanu allait tout faire foirer. Sa cousine allait faire échouer sa vie. Maeko enleva sa casquette et secoua un peu ses cheveux. Peut-être sa cousine le reconnaîtrait-elle mieux ?
“ Why are you wearing boys clothes ?”
C’était la question. Maeko s’y était attendu. Mais la Maeko que Scanu avait connu n’était pas le Maeko qu’elle avait devant elle. Elle avait connu une fille, et c’était devenu un garçon. Le travesti se mordit les lèvres silencieusement. Qu’est-ce qu’il pouvait répondre ? C’est plus confortable ? Je me sens mieux comme ça ? J’essaie de remplacer mon frère ? C’est faux, je ne le remplacerai jamais. Maeko lui demanda :
“ Why are you wearing such clothes ?”
Devant son air surpris, Maeko lui fit signe de laisser tomber. Scanu avait beau avoir deux ans de plus que lui, elle n’était pas une lumière. Ça faisait 4 ans qu’ils ne s’étaient pas vu, depuis son enterrement. Le père de Maeko et le père de Scanu étaient frères. En fait, ils avaient tellement de frères et sœurs que le travesti ne croyait pas connaître tous ses oncles et ses tantes.
“- Why are you here?
- I needed to take a break from my family.
- So?
- I’ll study here for a bit.”
Il serra les poings: pas question que Scanu passe une année à son école. Maeko serait obligé de la faire intégrer, ce qui lui coûterait sa réputation. Scanu allait éventuellement, gaffeuse comme elle était, finir par dire qu’il était une fille. Elle allait faire de sa vie un enfer.
“ - You can’t.
- Why ?
- You don’t even speak French! We aren’t in New-York here. In Louisiana, we speak French.
- Je parler une petit peu la française.”
Maeko roula des yeux. Une petit peu la française ! Sa cousine était aussi pire que sa mère et sa petite sœur. Toutes des filles stupides, qui lui gâchaient la vie, d’une façon ou d’une autre. Il ne pouvait pas laisser Scanu dire la vérité à tout le monde. Il avait travaillé trop dur pour faire comme Thao. Pour être comme Thao. Continuer pour lui les années que la petite fille qu’il avait été avait arraché à son frère.
“ - Look, I’m not your little cousin anymore. I have changed. They all think I’m a boy, you know? I’m not this little girl you once knew. I am a boy.”
Scanu ouvrit de grands yeux surpris. Maeko avait changé de sexe ? Pourquoi et quand ? Mais non, elle ne pouvait pas avoir changé de sexe, sa voix était trop aiguë te elle n’avait ni barbe ni moustache. Son cousin roula encore une fois des yeux. Scanu était bouchée. Elle refusait de comprendre ce qu’il lui disait. C’était simple pourtant : Maeko s’habillait en garçon, se comportait comme un garçon mais voulait rester, biologiquement, une fille. Si on lui aurait posé la question très explicitement, elle aurait répondu qu’elle était une fille. Mais sinon, elle omettait souvent de spécifier ce détail.
“- Ok Maeko, but I’ll stay here the same. I don’t really care about what you are and why you are like that. Actually, I just wanted you to tell me were was the principal’s office.”
Il haussa les épaules : Scanu ferait comme elle voudrait, mais si elle disait un mot de trop... Il ne pouvait pas pousser sa cousine dehors de toute façon. Maeko lui montra où était le secrétariat et le bureau du directeur et partit rapidement à son prochain cours : éducation physique, ou sports.
Re: All The Things She Said
Avant-dernière partie...
- Spoiler:
- C’était le cours le plus stressant pour le travesti car il devait se déshabiller. Heureusement, il n’était pas le seul à se changer dans les toilettes, à l’abri des regards. Les autres le trouvait un peu pudique mais ne s’en faisait guère : Maeko était Maeko.
Il entra dans une cabine avec son sac de vêtements. Il fit glisser la fermeture éclair de son pantalon, révélant une paire de boxers sur des jambes minces, mais plutôt musclées. Il enfila ses shorts. En dégrafant sa chemise, il jeta un coup d’œil à la minuscule camisole qui lui faisait office de soutien-gorge. Monsieur faisait plus petit que du AA, alors il n’avait aucune raison de s’inquiéter, n’est-ce pas ?
Lorsque le travesti sortit enfin des toilettes, il ressemblait moins à un garçon. Tout le monde s’extasiait sans cesse sur son absence de poils. Il avait fini par dire qu’il se faisait épiler, ce qui ne faisait pas trop hétérosexuel à son goût. Mais Maxim avait adoré l’idée et tout le monde, enfin les garçons, commença à le faire aussi. Maeko avait été découragé pendant deux semaines, c’était pour dire.
Le cours se déroulait dans le gymnase. Le professeur fit signe à tous de s’asseoir : il allait expliquer le programme de l’année. Il y aurait donc du soccer, du basketball, de la gymnastique, etc. Il commençait en soccer. Les équipes divisées, et la partie commencée, Maxim se précipita sur le ballon. Soixante minutes plus tard, leur équipe sortait, victorieuse, et contente.
Après un nouvel épisode dans les vestiaires, ce fut la pause pour le dîner. Les garçons avalèrent leur repas en quelques minutes pour filer ensuite dehors. Maxim et François se tirait un ballon de football, tandis que J-P commentait les filles qui passaient devant lui et Maeko. Il ne l’écoutait pas vraiment, mais percevait quelques uns de ses mots. Quelques unes de ces filles vinrent les rejoindre. Maeko vit sa cousine sortir de l’école et se diriger vers lui. François l’avait vu aussi. Il lâcha le ballon et couru jusqu’à son chef, faisant rigoler les filles du coup.
« Tu veux que je l’éloigne ? »
Maeko haussa les épaules. Qu’est-ce qu’il pouvait en avoir à foutre cousine. Il lui avait dit qu’il ne voulait pas la voir. Mais Scanu arrivant, balbutiant à toute vitesse en japonais. Maeko, pas trop habitué de parler cette langue, ne comprenait rien. Une fille s’impatienta.
« Eh Chop Suey, si tu sais pas parler en français, va-t’en donc. »
Elle ne comprit pas l’insulte mais Maeko la releva. Il était aussi un « chop suey » si on comptait que son père était japonais. Mais sa mère était américaine, donc ses traits étaient moins apparents que ceux de sa cousine. Il adressa un regard si noir à la demoiselle qu’elle recula de quelques pas. Scanu finit par dire une phrase à peu près intelligible.
“Your mother… Soonan! She is at… Byootoo. “
Sa mère avait eu un accident? Maeko sentit se jambes faiblirent. Comment? Quand? Était-elle correcte? Serait-elle correcte?...
Une semaine plus tard
Finalement, sa mère ne fut pas correcte. Elle était morte. Accident d’auto. Comme Thao. Maeko, s’il n’aimait pas sa mère, ne la haïssait pas non plus. Mais maintenant, elle était morte. Il avait manqué toute la semaine à l’école.
Ce matin, son père l’avait reconduis. Il n’avait pas eu le choix d’y aller. Il n’était pas allé en cours de toute façon. Il s’était assis contre la grille, les yeux fermés, frappé par la pluie qui tombait drue. Il sentait ses larmes chaudes couler contre ses joues, à travers ses paupières closes. Il ne voulait pas voir ses amis. Il ne voulait pas voir personne. Personne ne voulait le voir.
« Ça va?»
Qui c’était? Qui venait le déranger? Il n’en avait aucun droit. Aucun droit… Maeko ouvrit les yeux, embrouillés par les larmes, embrouillés par la tristesse. Quelqu’un se tenait devant lui, droit comme un pic. Sa chemise blanche lui collait au corps, son nœud papillon était défait, ses cheveux blonds, très courts, étaient écrasés sur sa tête par la pluie. D’après ce que Maeko pouvait voir, le garçon était beau. Très beau.
« Pourquoi tu pleurs? »
Pourquoi il pleurait? Parce que… Parce que! Parce que la vie était horrible, parce que son frère était mort, parce que la petite fille qu’elle était était morte, parce que sa mère était morte, parce que sa sœur était une fille comme il aurait voulu être, parce que… Parce que…
Il s’assit à coté de Maeko. Le travesti le regardait à la dérobé, regardant son corps sous le vêtement collant, émerveillé par sa minceur et sa discrète musculature. Sa poitrine se soulevait rapidement, comme s’il avait couru. Ses mains étaient fines, soignées. Il regardait Maeko directement, sans chercher à se cacher. Et Maeko le lui dit, dieu sait pourquoi, il pleurait.
Il le lui dit, comment son frère était mort, comment sa mère le détestait, comment il détestait sa sœur, comment sa mère était morte… Il ne lui dit pas qu’il avait été une fille, il ne lui dit pas comment il le trouvait beau, il ne lui dit pas l’étrange sentiment qu’il ressentait, comment il avait envie de le toucher, d’effleurer sa peau de ses doigts, de ses lèvres…
La main de l’inconnu se referma sur la sienne, doucement, comme s’il avait peur qu’il s’enfuît. Mais il resta là, à caresser ses doigts un à un, appréciant leur douceur, leur chaleur. Ils ne disaient rien, ni l’un ni l’autre, se complaisant seulement à se toucher mutuellement. Leurs gestes étaient maladroits, émouvants et excitants à la fois. Qu’il y avait-il de mal à rester sous la pluie à se frôler, accoté contre la clôture de métal froid?
Lorsqu’ils connurent leurs mains par cœur, que chaque petit sillon était gravé dans leur mémoire, que chaque sensation eut été éprouvée, la pluie cessa. Le temps semblait s’être arrêté, ils restaient là, à fixer le vide devant eux. Ils s’étaient rapproché, avaient collé leur épaules l’une contre l’autre, jusqu’à sentir l’ensemble des mouvements de leur deux corps, jusqu’à ce qu’ils ne forment plus qu’un.
La cloche sonna la fin des cours. Un flot d’élèves se déversa dans la cour, alors que les deux garçons se relevaient rapidement, hébétés par ce qui les avait traversés. Ils se lâchèrent, regrettant les minutes qui s’étaient écoulées si rapidement. Ils se lâchèrent mais ne purent empêcher leurs yeux de rester figer les uns dans les autres. Ils n’en avaient pas eu assez. Il leur en fallait plus.
« On peut… On peut se revoir? »
Maeko entendait Maxim l’appeler. Il arrivait. Maeko voulut le faire disparaître. Il voulait être tout seul avec le blond. N’importe où, n’importe comment, mais avec lui, et tout seul. Il avait la voix rauque lorsqu’il répondit.
«- Oui… Je suis Maeko.
-Raphaël. »
Il tourna les talons, laissant Maeko là. Il avait envie de pleurer. Mais Raphaël tourna la tête et lui lança une dernière phrase. Cette phrase, allait tout changer. Elle allait changer Maeko, Raphaël, et aussi Maxim qui accourait derrière, avec Jean-Philippe et François. Elle changea tout.
« Tu es très belle. »
Et Maeko comprit. Il comprit qu’il n’avait jamais été un garçon. Elle était revenue. Et elle savait que Raphaël était Raphaëlle. Parce qu’elle avait compris qui elle était, juste en la voyant.
Maxim arrivait au mauvais moment. Il avait entendu. Il s’apprêtait à répondre que son chef était un garçon. Mais il comprit. Il comprit pour le vestiaire, pour tout. Maeko était une fille. Maeko était une fille.***
Wanna fly to a place where it's just you and me and nobody else, so we can be free. Les mots prenaient tout leur sens. Elles ne seraient jamais en paix. Jamais.
Il s’était avéré que Raphaëlle était la fille du directeur de l’école de Maeko. Il n’appréciait pas que sa fille fut et travestie et homosexuelle. Il avait fait expulser Maeko. Il avait renié sa fille. Pas de ce genre de personne dans son établissement, qu’il avait dit.
Cela faisait trois jours que Maeko n’avait rien avalé. Elle était enfermée dans sa chambre. Raphaëlle avait dit qu’elle viendrait, ce soir. Elle avait dit qu’elle viendrait. Elle allait venir. Un raclement se fit entendre contre la porte et elle s’ouvrit. La version miniature de sa mère apparut dans l’embrasure, sa sœur. Elle portait une petite robe rose avec une couronne de princesse et une poupée dans les bras. Maeko portait une chemise noire mal boutonnée et tenait une pomme dans sa main. Elle en haïssait d’autant plus l’enfant, si parfaite déjà, avec une vie si simple. Elle donna un coup de pied pour refermer la porte, en espérant que la princesse s’y coince les doigts. Mais la princesse ne se coinça pas les doigts et s’en retourna jouer plus loin de la chambre de la chose que quelqu’un avait déjà appelé sa sœur.
Une paire d’yeux encadrés d’une touffe de cheveux blonds apparurent à la fenêtre. Maeko s’y précipita. Ce ne fut ensuite qu’un échange confus de baisers, caresses et promesses. Elles s’assirent côte à côte sur le lit, sans faire de bruit. L’enfant de quatre jouait en bas avec sa gardienne, l’homme de la maison n’était pas encore arrivé.
Elles se voyaient comme cela aux trois jours. Le reste du temps n’existait pas. Elles ne vivaient que lors de ces quelques heures qu’elles volaient à la nuit. Raphaëlle avait été envoyée chez sa tante, qui avait reçu l’ordre très clair de ne pas laisser les filles se voir. Et le père de Maeko l’avait confinée à sa chambre après son expulsion. Il lui avait interdit de sortir, que ce soit pour Raphaëlle ou pour n’importe qui d’autre.
Maeko se glissa derrière l’intruse et noua ses bras autours de sa taille. Elle enfouie son visage dans son cou, humant son parfum comme si c’était la dernière bouffée d’air qu’elle prendrait de sa vie. Elle nicha ses mains sous le chandail de Raphaëlle, caressant sa peau, étreignant son corps contre le sien. La blonde se laissa aller sur le côté, entrainant sa compagne. Couchées, l’une contre l’autre, elles oublièrent le monde terrible qui les entourait. Elles s’endormirent.
***
Une petite fille ouvrit doucement la porte. Était-ce sa sœur, couchée là? Avec un garçon? Non, non, c’était une fille! La petite courut jusqu’à la chambre de son père.
« Papa! Papa! Y a un ami avec Méko. Méko fait dodo avec son ami! »
L’enfant s’était vu interdire le fait d’inviter des amis à coucher. Elle ne comprenait pas pourquoi Maeko y aurait eu droit, elle. Mais justement, ce lui beaucoup plus qu’interdit… Le père failli défoncer la porte de la chambre en entrant, réveillant les deux filles en sursaut. Il avait le visage rouge, furieux. Peut-être qu’au Japon, le fait d’être homosexuel ou bisexuel n’était pas mal vu, mais ici, aux États-Unis, ça attirait la honte sur toute la famille.
Il leur cria dessus en japonais, elles ne comprirent rien et restèrent, apeurées, l’une dans les bras de l’autre. Il fini par arrêter de hurler et sortit de la chambre en claquant la porte. Tout ce que Maeko avait compris était saseko, ce qui voulait dire, littéralement, pute. Son propre père les avait traitées de putes…
«- Allons-nous-en.
-Où? Ta tante ne veut pas nous voir et mon père ne veut pas nous voir.
-Un endroit où nous serons seules. »
L’idée était tentante. Maeko avait dix-sept ans, dix-huit dans moins de six mois. Raphaëlle avait dix-neuf ans. Elles pouvaient partir, oui, mais où? Où pourraient-elles êtres tranquilles, être en paix? Oh, il y avait bien un endroit, de l’autre côté de l’océan, où tout le monde était libre comme l’air. Au Japon, il n’y avait pas de ces préjugés contre les homosexuels.
« Au Japon. »
Raphaëlle la regarda et sourit. Soit, elles iraient au Japon.
Re: All The Things She Said
La fin.
Les personnages:
- Spoiler:
- « Okaerinasai Maeko-chan! Konnichiwa Raphaëlle!»
Même si ses grands-parents et son père avaient déménagés aux É-U, il restait plusieurs membres de la famille à Maeko au Japon. C’était son cousin qui les accueillait ainsi, à la sortie de l’aéroport. Elle ne l’avait vu qu’une seule fois, lors de l’enterrement de son frère. Il était peut-être venu à celui de sa mère mais Maeko elle-même n’y avait pas été.
Tout avait été très facile en fin de compte. Maeko avait envoyé un e-mail à Chihiro, lui demandant si elles pouvaient compter sur lui rendues là-bas. Devant son incompréhension, elle lui avait finalement expliqué l’histoire au complet. Son cousin, troublé par autant de méchanceté, les invita toutes les deux chez lui, et paya même leur billet d’avion. Elles n’avaient eu aucun mal à se sauver de chez-elles et s’étaient intégrés derrière un groupe étudiant. Elles passèrent inaperçues.
Maeko ignorait la raison du déménagement de sa famille vers l’Amérique et elle ne comprenait vraiment pas : Tokyo était une ville géniale! Chihiro habitait en plein centre ville, dans un luxueux studio. Il avait 36 ans et possédait une lucrative compagnie informatique. Et Chihi’ parlait anglais.
« Otsukaresama Chihiro sempai »
Les deux filles n’arrêtaient pas de le remercier ainsi depuis qu’elles étaient arrivées. Lui, il trouvait ça drôle : il n’avait fait que ce qu’il avait à faire pour améliorer leur condition de vie.
“You don’t need to thank me. I’ll call your parents later, so they won’t put the police after you two.”
Elles étaient majeurs, oui peut-être bien, mais elles étaient encore sous leur surveillance. Ils allaient être furieux lorsqu’ils sauraient… Et c’était temps mieux! Ils ne pourraient jamais venir les chercher jusqu’ici. Elles seraient en paix. En paix.
Quelques mois plus tard
]Il ramena sa tête en arrière, la tirant par les cheveux. Du sang lui collait sur les doigts. Le sang de sa tête. Il y avait été un peu fort cette fois ci, trop fort. Mais elle ne mourrait pas. Il la lâcha enfin, elle retomba sur le sol, son cou y attaché avec une chaîne. Il sortit. Une ombre plus pâle se glissa contre elle.
« Raphaëlle… »
Sa voix était rauque, elle avait de la misère à respirer. Elle sentit les lèvres de la blonde toucher les siennes, sa langue jouer contre elle. Elle n’avait pas la force même de lui rendre son baiser, pas la force de lui retourner ses caresses.
Chihiro n’avait jamais appelé leurs parents. Il n’avait jamais eu l’intention de les appeler. Parce que, s’ils avaient su qu’elles étaient avec lui, ils seraient venus les chercher. La famille de Maeko n’avait pas déménagé pour rien, oh non. Ils laissaient un passé très douloureux derrière eux. Le père de Chihiro avait agressé sa sœur. Il l’avait tué.
Chihiro leur avait tout offert gratuitement, puis avait commencé à se plaindre. Il payait tout, c’était injuste. Il avait commencé à demandé des choses de la part des filles. Surtout de sa cousine. Il les avait menées en bateau. Il n’avait jamais eu l’intention de les héberger gratuitement. Son père avait raison. Elles étaient des saseko. Son cousin avait des goûts violents, douloureux, horribles. Il les frappait, les violait. Mais elles étaient ensembles. Elles restaient ensembles, quoi qu’il arrive.
Raphaëlle se coucha contre Maeko, faisant fit du sang qui tachait ses cheveux. Elle était maigre, horriblement maigre. La blonde l’embrassa, encore. C’était tout ce qu’elles pouvaient faire, cela et pleurer. Mais il n’y avait plus assez de larmes dans leur corps pour leur permettre ce débordement d’émotion. Il ne leur restait plus rien. Vraiment plus rien. Elles s’avaient, c’était l’essentiel. Peu importe les coups, peu importe le reste, elles étaient là, ensemble.
Maeko cria lorsque la porte bondit de ses gonds. Il revenait, oh Dieu faites que ce ne soit pas lui qui revenait! Et peut-être Dieu écoutait-il car ce ne fut pas Chihiro qui entra. C’était la police. On les avait retrouvées. C’était fini. Elle s’évanouit.
La police, après des mois de recherches, avait fini par tomber sur l’e-mail que Maeko avait envoyé à son cousin. Leurs parents avaient bel et bien déclaré leur disparition respective. Ce leur avait prit des mois pour les trouver. Des mois de paperasse administrative pour prouver qu’elles avaient bien traversé au Japon. Des mois pour attendre que la police Japonaise réagisse. Ils les avaient trouvées.
Un policier appela une ambulance et elles furent reconduites à l’hôpital. Les blessures, en grandes quantités, étaient cependant bénignes. Il leur faudrait quelques jours de repos et un excellent psychologue. On les laissa se reposer dans leur chambre. Raphaëlle se leva et se lova dans le lit de Maeko.
On lui avait passé un soluté, pour la nourrir. Elle dormait, Raphaëlle voyait sa poitrine se soulever doucement au rythme de sa respiration.***
La sentence était tombée : Chihiro était coupable. Quinze ans de prison. Les deux filles dans le box des témoins avaient du raconter tout ce qu’il leur avait fait. Elles sortirent et allèrent marcher un peu, question de se changer les idées. Elles étaient de retour aux États-Unis.
« Raphaëlle, regarde-moi. »
Elle tourna la tête. Maeko avait changé. Elle semblait fatiguée, terriblement fatiguée. Des cernes énormes cerclaient ses yeux, ses joues étaient creuses, ses lèvres sèchent.
« Est-ce que tu m’aimes? Est-ce que tu me suivrais, où que j’aille? »
Raphaëlle hocha doucement la tête. Elle la suivrait n’importe où. Elle retournerait même dans ce studio maudit si elle le lui demandait. Elle se sentait tellement perdue, tellement inutile. Personne ne voulait d’elles ici. Elles trainaient la honte derrière elles, comme un immense boulet, comme si c’étaient elles les coupables.
Maeko était du même avis. Son père ne la laisserait plus jamais libre. Tout ce qu’elles s’étaient dit lui tournait dans la tête. Les mots d’amour, les promesses… Jusqu’à quel point allait-on les faire souffrir? Jusqu’où les gens iraient-ils? Ont les avaient chassées, pourchassées et éloignées. Mais elles se retrouvaient toujours, suivant leur cœur. Peut-être avaient-elles essayé de se séparer. C’était inutile, elles n’y pouvaient rien. C’était si fort, cette chose que l’on appelle l’amour. Si fort que ça leur faisait mal.
La blonde prit la main de sa compagne. Elle savait ce qu’elle pensait. Elle savait ce qu’elle voulait. Elles ne pouvaient vivre ensembles, elles ne pouvaient vivre séparées. La suite était simple. Elles descendirent l’escalier et attendirent. Et quand il arriva, elles sautèrent. Le métro les happa comme une araignée et deux mouches. Raphaëlle mourut. Pas Maeko.***
Elle fut hospitalisée. Ses deux jambes étaient inutilisables, son visage avait disparu et tout le reste était cassé. Même ses yeux n’arrivaient plus à pleurer. Un soluté lui perforait le bras, l’obligeant à se nourrir. On la surveillait toujours. Elle voulait mourir, oh comme elle voulait mourir. La journée, elle restait sans bouger, à voir et entendre ce qui se passait dehors par la fenêtre. La nuit, elle faisait d’horribles cauchemars. On lui avait de nouveau arraché la seule personne qui comptait pour elle. Thao était mort. Raphaëlle était morte. Son père ne venait pas la voir. Raphaëlle était morte. Sa sœur ne venait pas la voir. Raphaëlle était morte. Chihiro était sortit de prison pour son bon comportement. Raphaëlle était morte!
La tristesse lui mordait le corps, plus sauvage encore que toutes les blessures qu’elle avait. Son cœur, c’était ce qui la faisait le plus souffrir. C’était insupportable. Dès qu’elle fermait les yeux, elle voyait son visage, elle entendait sa voix.
Maeko mourut deux semaines plus tard, de cause indéterminée. Morte d’amour.
Les personnages:
- Spoiler:
Scanu
Raphaëlle
Maeko
Re: All The Things She Said
J'vais t'tuer =.= (Pourquoi est-ce que je pleure ?...)
J'aime. Que dire d'autre ? Je suis trop dans l'émotion pour avoir des critiques construites, il faudrait que je le relise pour ça et je dois avouer que je préfèrerais ne pas le faire tout de suite ... =/
Argh ...
EDIT : après un peu de calme (le temps de pirater la muz ehem =.=") je me souviens qu'au cours de ma lecture j'ai plusieurs fois pensé "c'est marrant ça me rappelle tel ou tel truc auquel j'avais pensé" ... Si tu veux tout savoir, l'ambiguité homme/femme me fait penser à un perso que j'ai rencontré (pour les personnes autres que Ginny, traduisez par "imaginé" =.=") il y a quelques mois, qui joue en permanence sur cette ambiguité, au point que personne ne sait s'il est un homme ou une femme (sauf moi =p) ; et la souffrance consécutive à la perte d'un grand frère, ben c'est exactement le point central de la psychologie du seul PJ que je veux jouer ici ... J'ai du mal à faire sa fiche donc ça traîne mais cela fait plusieurs mois que je tourne autour. Troublant =/
J'aime. Que dire d'autre ? Je suis trop dans l'émotion pour avoir des critiques construites, il faudrait que je le relise pour ça et je dois avouer que je préfèrerais ne pas le faire tout de suite ... =/
Argh ...
EDIT : après un peu de calme (le temps de pirater la muz ehem =.=") je me souviens qu'au cours de ma lecture j'ai plusieurs fois pensé "c'est marrant ça me rappelle tel ou tel truc auquel j'avais pensé" ... Si tu veux tout savoir, l'ambiguité homme/femme me fait penser à un perso que j'ai rencontré (pour les personnes autres que Ginny, traduisez par "imaginé" =.=") il y a quelques mois, qui joue en permanence sur cette ambiguité, au point que personne ne sait s'il est un homme ou une femme (sauf moi =p) ; et la souffrance consécutive à la perte d'un grand frère, ben c'est exactement le point central de la psychologie du seul PJ que je veux jouer ici ... J'ai du mal à faire sa fiche donc ça traîne mais cela fait plusieurs mois que je tourne autour. Troublant =/
Parthénis [PNJs]-
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Date d'inscription : 14/02/2008
Re: All The Things She Said
Elia a écrit:All The Things She Said, rien à redire, c'est vraiment... captivant... Le genre d'histoire qu'on lit d'une traite avec des yeux hallucinés, du début à la dernière ligne, puis qu'on relit encore, et encore... @_@ C'est super choquant, en sus de quoi c'est vachement bien écrit, avec une intrigue intéressante et bien menée. J'ai juste eu un peu de mal avec le passage du "quelque mois plus tard", où le rythme du récit change brutalement, ce qui fait qu'on a besoin de le relire plusieurs fois pour saisir tout ce qui s'est passé parce que y'a beaucoup plus d'info à la ligne qu'avant d'un coup et on n'y est pas habitué. Ah, et le dénouement était un peu prévisible aussi... Pas assez surprenant, je trouve, par rapport à la moyenne du texte ^^
En tous cas, globalement, bravo ! ^^"
All The Things She Said, par Maka (titre aussi puissamment psychédélique qu'obscur au regard du texte, le "She" restant difficilement identifiable, ce qui rend ce même titre des plus détestables à mon goût, étant de surcroît en saxon)
- Spoiler:
- C'est long et (donc ?) bien plus prenant que les précédents. (ceci est un éloge, non un trait de mépris habilement dissimulé à l'égard desdits précédents) Le personnage est intéressant, suffisamment complexe et pas trop pataugeant dans ses sentiments, ce qui le préserve de la lourdeur. Tout naturellement, le récit commence et finit dans la mort, sinon on t'accuserait tout net de l'avoir usurpé. Je pense bien que l'intérêt est suscité, en conséquence, par la transformation d'un personnage makaien, mélancolique, sans grande perspective d'avenir et fermé à tout en un bonhomme appréciable et marrant -seulement du point de vue du lecteur, hein ?- grâce au providentiel passage d'un trente-huit tonnes sur l'encombrant frérot qui cachait un peu le soleil, à être sublime en tout.
Le questionnaire de départ a failli me bluffer avec sa police "manuscrite", mais les erreurs de formatage et de soulignement correspondant pile aux réponses ont assez vite annulé l'efficacité du mauvais style et des fautes d'orthographe. Dommage.
À ce propos, tu as inventé ce questionnaire ou c'est un modèle scolaire ?
J'estime également qu'il aurait pu être mieux exploité dans le sarcasme. L'abus de "j'men fout" décliné à toutes les erreurs de conjugaison possibles n'est pas extrêmement fort, ni impressionnant pour le correcteur, selon toute probabilité. Et surtout cela peut dénoter non de l'état d'esprit particulier de Maeko, mais plus simplement d'un dédain pur de la matière : j'ai vu des tas de types au collège qui balançaient des "j'm'en tape" ou autre sur les questionnaires de début d'année parce qu'ils aimaient pas le français.
Je plussoie Elia, cette histoire se lit d'un trait assoiffé, avec toutefois la réserve (éternelle) que la fin est, une fois de plus décevante : non pas le suicide des héroïnes, qu'on sentait se resserrer tel un étau dès qu'elles ont été découvertes, puis ferré de plus belle avec le vrai visage du "brave" cousin. Seulement, le fait que Maeko survive in extrémis pour une description lapidaire de son état de santé accablant, de son état mental pire encore, avant de finir comme elle aurait déjà du n'apporte guère plus au récit. Ok, le "morte d'amour" doit en émouvoir certains, et j'en suis pas.
En revanche, l'homosexualité est généralement un sujet qui me laisse de marbre et qui m'arrache uniquement des "ouais, et alors ?", et là j'ai trouvé ça plutôt plaisant, d'une part le fait que le personnage ne soit pas posé comme tel dans sa fiche de perso, mais qu'il le découvre "bêtement" en croisant un autre qui a eu la même idée dingue que lui, d'autre part le naturel des sentiments, là où le restant absolu des gusses de l'histoire (l'insupportable mais néanmoins géniale cousine mise à part) ne cessent d'aller et venir autour des obsessions, des petits copains, des soutien-gorges, des potins, des fantasmes, des amours déçues et futures, etc. Je trouve le constat assez surprenant, mais ça passe sacrément bien parce que c'est beaucoup moins indigeste que le reste de l'univers.
Trois étoiles pour le perso de Scanu, qui arrive tambours et trompettes "je vais casser la baraque et faire tout piger à tout le monde tellement je suis cruche et maladroite" et qui fait vraiment tout de travers, sauf ça, et le secret s'évente sans son concours. Bien joué.
Râlons quand même un peu : quand le haïssable (et haï) Maxim estime que Maeko a largement fait ses preuves, on sent vraiment trop l'ellipse bien pratique pour ne pas narrer l'ascension et l'intégration de Maeko dans le groupe de garçons, et surtout quels exploits il a bien pu accomplir, en sus d'être naturellement un beau spécimen ténébreux, pour mériter le respect inconditionnel de la Terre entière.
Robert Begarion- Dix de Cœur
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Localisation : En amont d'un pommeau et au tréfond d'un fourreau.
Date d'inscription : 24/09/2008
Deck Of Cards :: Hors Jeu :: Fictions
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